Genèse du projet

Début du projet : février 2015

L’abbaye de Bonnefont contacte l’association pour la mise en place d’une haie de pommiers en limite d’un des côtés du jardin de simples. Ce jardin se trouve sur la droite du chemin qui mène à l’abbaye. Il a été réhabilité depuis quelques années, des carrés entourés de plessis de châtaignier abritent divers légumes, plantes médicinales… Il est entouré d’un petit muret de pierres sèches, une haie d’osier vivant a été plantée sur trois côtés pour clore cet espace, la haie de pommiers délimitera le côté nord.

Différents problèmes se posent : les sources médiévales sont assez minces et surtout très floues concernant aussi bien les variétés que la conduite des fruitiers.

On sait qu’à cette époque le verger des abbayes abritait le cimetière et était composé d’arbres en « plein vent », mais on trouve aussi mention d’espaliers pour entourer certaines parties du jardin, sans autre précision sur le type d’espalier, vraiment structuré ou plutôt « à la diable » ?

Les écrits mentionnent seulement des espèces de fruitiers à planter (Cf. le capitualire de villis de Charlemagne, les écrits de Hildegarde von Bingen, les plans de St Gall…) : il est recommandé d’avoir dans son verger des pommiers, poiriers, noisetiers, noyers, pruniers…..

Les enluminures abondantes aux 13ème et 14ème siècles sont inexploitables, les artistes privilégiant la symbolique et ne maîtrisant pas encore la perspective (on voit couramment des fleurs et des arbres de la même taille, aussi grands que les personnages ou à la hauteur des tours du château voisin….)

Il faut attendre le 16ème siècle et surtout le 17ème (P. de Crescens, Molet, O. de Serres, Legendre, La Quintinie,….) pour avoir des témoignages détaillés et techniques concernant l’aménagement des vergers, les méthodes de greffage, les variétés recommandées…. et encore y-a-t-il souvent des doutes sur les variétés, dont certaines ne semblent pas correspondre à celles que nous connaissons aujourd’hui sous le même nom.

Choix des variétés

Proposer des variétés qu’auraient pu cultiver les moines de Bonnefont est une gageure !

Nous avons immédiatement pensé à la variété « apion », dont beaucoup s’accordent à dire qu’elle aurait été importée par les Romains (si tant est qu’il s’agisse bien de la même pomme…), mais nous ne connaissons pas d’autres variétés locales attestées dans un passé aussi lointain.

Nous proposons deux options : une haie avec la seule variété « apion » ou sélectionner des variétés bien implantées dans la région (court-pendu des Pyrénées, œil gros…), en évitant les pommes arrivées dans les années 1940-1960 qui ont connu un grand succès et ont été adoptées dans le Comminges (reinette d’Angleterre, reinette grise du Canada, belle de Boskoop, transparente de Croncels…), sans certitude ni témoignage sur leur passé vraiment ancien, au-delà du 19ème siècle par exemple ?

Après discussion, il est décidé de nous en tenir à la seule variété « apion » pour la vingtaine d’arbres qui composera la haie.

Choix de la forme

Pour ce qui est de la forme, les exemples d’espaliers sont très nombreux, palmettes, arcures, cordons, palmettes à la diable … l’arcure semblerait le mieux correspondre à une haie à la fois « tenue », régulière et en même temps pas trop rigide.

Nous sommes conscients que la future haie ne pourra être certifiée conforme à un modèle attesté par les auteurs ou spécialistes du Moyen-Age, mais on peut raisonnablement affirmer qu’elle pourrait avoir été plantée par les Cisterciens du Comminges.